Peut-on (VRAIMENT) oublier sa langue maternelle ?

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Sciences

Peut-on oublier sa langue maternelle ?

Lorsque nous arrivons dans un pays étranger, l’une des premières choses que nous devons essayer de faire est de nous adapter à notre nouvel environnement. L’adaptation au pays d’adoption dépend souvent de l’apprentissage de la langue locale. Cette langue, souvent étrangère, va peu à peu devenir la première langue que l’on utilise : au travail, avec de nouveaux amis, dans les commerces, etc.

Dans le cas où nous vivons dans un pays étranger depuis plusieurs années, notre langue maternelle a tendance à « s’effacer ». Une conversation dans notre langue natale peut paraître plus compliquée, moins fluide. Parfois, nous avons même recours à des anglicismes pour nous faire comprendre. On observe donc, qu’il y a un affrontement direct entre la langue du pays d’adoption et celle du pays d’origine.

En pratique, cette évolution est le résultat de la réorganisation cérébrale qui s’opère. Le cerveau remplace petit à petit la structure de la langue maternelle par une autre, qui devient la langue de référence. Le niveau d’oubli varie d’un individu à un autre.

D’après la chercheuse, Monika S. Schmid, qui a publié « Designing Research on Bilingual Development: Behavioral and Neurolinguistic Experiments » en 2015, la perte de la langue maternelle peut se produire en fonction de l’âge de la personne concernée. Pour les enfants de moins de 12 ans, la réponse est oui. À cet âge, le cerveau est « flexible et malléable », d’après elle. Ceci explique pourquoi bon nombre d’enfants qui déménagent à l’étranger apprennent parfaitement la langue du pays d’adoption, mais perdent leur langue natale.

Dans le cas des adultes, il est plus rare de perdre complètement sa langue maternelle. Elle peut devenir plus difficile à parler et l’on peut perdre notre vocabulaire, mais jamais l’oublier. Les exceptions qu’a observé Monika S. Schmid, sont celles de Juifs allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Ceux qui avaient décidé de fuir vers l’Angleterre et les États-Unis avant 1938 peuvent parler leur langue natale, mais ceux qui sont partis plus tard en sont incapables, à cause d’un traumatisme plus aigu.

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